06.03.2015 | Coexistence

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Une étude de l’Université de Brême le montre : le pollen de maïs se dépose fréquemment à plusieurs centaines de mètres de sa source. La distance record est de 4,5 kilomètres. Photo : Transgen

Suite à la publication, en 2014, de l’étude la plus complète à ce jour sur la dispersion du pollen de maïs dans l’environnement, l’Autorité européenne de sécurité des aliments AESA a décidé de revoir l’évaluation des risques pour les cultures de maïs génétiquement modifié. L’étude en question recense les données recueillies par des chercheurs de Brême et de Bonn sur une période de 10 ans. Actuellement, sur la base du modèle informatique dont elle se sert, l’AESA prévoit des distances de sécurité de seulement 20 à 30 mètres entre les parcelles de maïs transgénique et les réserves naturelles. Or la nouvelle étude montre que le pollen parcourt souvent plusieurs kilomètres. Pour éviter que les chenilles de papillons protégés n’absorbent le pollen contaminé, les chercheurs recommandent de passer à des distances de sécurité calculées en kilomètres plutôt qu’en mètres. De leur point de vue, les distances d’isolation et les effets possibles sur les organismes non ciblés doivent être réévalués de fond en comble.

Dans un courrier daté du 16 décembre 2014, l’AESA a annoncé qu’elle allait réexaminer la sécurité des cultures de maïs transgénique sur la base des nouveaux résultats. Ce réexamen devrait être bouclé fin mai.
« Les nouvelles recherches montrent une fois de plus à quel point les évaluations de risques menées par l’AESA sont lacunaires. Il manque des données essentielles, que l’on n’hésite pas à remplacer par des valeurs purement hypothétiques », déclare Christoph Then de Testbiotech. « Les évaluations de risques effectuées jusqu’ici par l’AESA ne permettent manifestement pas de conclure à l’innocuité du maïs 1507. La Commission européenne devrait en suspendre l’autorisation. »
La Commission européenne, qui subit de fortes pressions de la part de l’industrie, s’apprête à autoriser la mise en culture du maïs transgénique 1507. Dans une lettre commune adressée au commissaire européen Vytenis Andriukaitis, Testbiotech et Friends of the Earth (Europe) demandent de stopper les autorisations et de suspendre la culture de maïs transgénique dans l’UE.
Mute Schimpf de Friends of the Earth Europe tire la sonnette d’alarme : « Les nouveaux résultats soulèvent d’importantes questions concernant l’état de nos connaissances sur les risques liés à la culture de maïs génétiquement modifié. La publication de l’Université de Brême montre qu’il est plus ou moins impossible de cultiver du maïs transgénique sans mettre en danger l’environnement sur un large périmètre et sans contaminer les cultures exemptes d’OGM. La seule réponse logique est de mettre fin aux cultures de maïs OGM en Europe. »
Aux yeux de Testbiotech, cette étude montre aussi les limites de l’opt-out proposé par le gouvernement allemand pour interdire les cultures GM à l’échelle nationale. Les frontières de certains Länder allemands sont inappropriées dès lors qu’il s’agit d’interdire efficacement la culture de plantes GM.